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La dégradation des écosystèmes nationaux, grande oubliée des agences de notation financière

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Les agences de notation ne tiennent pas compte des risques financiers liés à la surexploitation des ressources naturelles, déplore le Pnue. La capacité de remboursement de certains Etats, dont la France, pourrait pourtant en souffrir.

"Les risques liés à la surexploitation des ressources naturelles impactent les dettes souveraines et méritent plus d'attention", alerte le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) dans un rapport le 19 novembre. Un rapport d'actualité, alors que Moody's a dégradé le même jour la note de la dette française.

Intitulé "E-Risc, un nouvel angle pour le risque de crédit souverain", le document suggère que la prise en compte de la gestion des actifs naturels dans la note attribuée aux emprunts d'Etat par les agences de notation améliorerait la transparence et encouragerait les pays à gérer de façon plus durable leurs ressources naturelles pour attirer les investisseurs.

Un risque laissé de côté

Selon le Pnue, la dégradation des sols, des forêts et des ressources halieutiques ainsi que la hausse des prix des ressources naturelles devraient devenir des éléments essentiels pour la santé économique des Etats et impacter leur capacité de remboursement de leur dette souveraine. En se basant sur l'étude de cinq pays (Brésil, France, Inde, Japon et Turquie) le Pnue met en lumière "le fossé grandissant entre la consommation croissante d'eau, de forêts, de sols, de prairies et autres ressources naturelles, et la capacité des écosystèmes domestiques à fournir des biens et services de manière durable".

L'étude illustre l'importance des indicateurs liés aux ressources naturelles en pointant certains impacts économiques associés à leur détérioration. Une variation de 10% des cours des matières premières peut entrainer une variation de la balance commerciale de l'ordre de 0,2 à 0,5% du PIB, indique le Pnue précisant qu'il s'agit là d'un risque de court terme. De même, le maintient de la consommation nationale associée à une baisse de 10% des capacités de régénération des ressources biologiques renouvelables se traduit par une dégradation de la balance commerciale comprise entre 1 et 4% du PIB.

Le Pnue, qui a travaillé avec huit gestionnaires d'actifs détenant de la dette publique, déplore que "de tels risques environnementaux restent largement absents des modèles traditionnels déterminant les notes accordées aux emprunts [d'Etat]". Le programme onusien n'hésite pas à rappeler leur importance pour le financement des déficits publics, rappelant les dégradations des celles attribuées à l'Espagne, l'Italie et la Grèce.

La France n'est pas résiliente

S'agissant de la France, le Pnue pointe trois risques. Tout d'abord, le pays consomme 1,4 fois plus de ressources écologiques que ce dont elle dispose. Un écart qui augmente de 1% par an depuis dix ans, alerte le Programme. Ensuite, si la France est moins sensible aux variations des cours des commodités que certains des autres pays étudiés, elle "est exposé à un risque de rupture d'approvisionnement en énergie fossile". Enfin, "la France à le plus faible niveau de résilience face aux risques associés aux ressources naturelles du fait de niveaux élevés atteints par la dette publique et le déficit budgétaire".

On retiendra par ailleurs que le talon d'Achille de l'Inde est l'empreinte environnementale de sa consommation qui représente 1,8 fois les ressources dont elle dispose et progresse au rythme de 4,5% par an depuis une décennie.

Le Japon ne produit que 35% des ressources renouvelables qu'il consomme, contre 73% en 1961. Sans surprise, "une dépendance accrue à l'égard des importations des produits de la pêche, du carburant, des produits alimentaires et des produits agricoles, expose le Japon à des risques de rupture d'approvisionnement". L'impact pourrait être d'autant plus fort que le gouvernement nippon ne dispose pas des marges de manœuvre nécessaires pour tempérer la hausse des cours mondiaux…

Le Brésil voit lui aussi son empreinte environnementale se dégrader. Cependant, contrairement aux autres pays étudiés, le géant sud-américain consomme moins de ressources naturelles que n'en produit son riche écosystème. A moins que les changements climatiques ne s'en mêlent et "n'affecte la distribution des pluies et n'augmente les sécheresses".

Enfin, la Turquie consomme 1,5 fois les ressources naturelles dont elle dispose et la progression de son empreinte écologique est de 6% par an depuis dix ans.

Pour télécharger l’étude (en anglais), cliquez ici.

Source : Actu-Environnement.com


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